L’obsession du « neuf »
Chaque jour, on nous pousse à consommer du nouveau :
un nouveau téléphone, une nouvelle tendance, une nouvelle version de nous-mêmes.
Le mot « neuf » est devenu un réflexe marketing. Il nous fait croire qu’il suffit d’acheter pour avancer, qu’un objet récent vaut toujours mieux qu’un ancien.
Mais cette course au nouveau fatigue, vide de sens, et finit par nous lasser.
Quand « neuf » ne veut plus dire « mieux »
Pendant longtemps, « neuf » rimait avec progrès.
Aujourd’hui, il rime souvent avec fragile, jetable, éphémère.
Nous changeons avant même d’avoir profité. Nous remplaçons au lieu de réparer.
Et dans cette agitation, une idée simple refait surface : ce qui dure a plus de valeur que ce qui brille.
Le grand retour du « réparé »
Ce qui est vraiment rare aujourd’hui, c’est ce qui tient dans le temps.
Un pull raccommodé, un meuble restauré, un objet qu’on aime trop pour le jeter.
Partout, le mouvement s’inverse : les cafés de réparation, la mode durable, le seconde main prennent de l’ampleur.
Au Japon, l’art du kintsugi — réparer la céramique brisée avec de la poudre d’or — transforme les fissures en beauté.
Ce qui est réparé n’est pas usé : c’est chargé d’histoire.
Le vrai luxe, c’est ce qui dure
Le luxe, ce n’est plus posséder beaucoup.
C’est garder longtemps. C’est prendre soin.
Réparer, c’est résister à la logique du toujours plus.
C’est redonner de la valeur au temps, aux objets, aux gestes.
Dans un monde obsédé par la nouveauté, choisir ce qui reste, c’est un acte presque révolutionnaire.
Parce qu’au fond, les plus belles choses ne sont pas les plus récentes.
Ce sont celles qui durent.